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30 maart 1863

van

Multatuli

aan

Stéphanie Omboni-Etzerodt (bio)

 

Volledige Werken. Deel 11. Brieven en dokumenten uit de jaren 1862-1866 (1977)

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* 30 maart 1863

Brief van Multatuli aan Stéphanie Etzerodt, aansluitend bij een brief van Tine aan haar. (Pée: Tine, blz. 1-3)

Taches d'encre: dit slaat, volgens Pée, op een inktvlek juist aan het hoofd van de bladzij.

Bruxelles, 30 Mars 1863.

Ma Loutjou chère, ma noble enfant!

Ta lettre m'a fait un plaisir inexprimable; je t'en remercie mille fois. J'ai pleuré de joie. Tu es mon ange, entends tu? Le matin mon premier regard est pour le temps qu'il fait, et ma dernière pensée le soir est pour ma chère Stéphanie. Oui, compte toujours sur moi. Je me réjouis que tu t'amuses et j'espère même que tu resteras encore quelque temps, mais je dois le dire, il y a un vide partout pour moi. Je suis si contente et gaie aujourd'hui! Résultat de ta charmante lettre. Mon mari est venu il y a deux jours. Sa présence me fait vivre; il est si bon et noble. Mais quand il partira, je souffrirai doublement. Conçois un peu, mon petit Edouard me quittera pour quelques jours. Une familie hollandaise l'a invité. Mon mari aura bien soin de lui, mais mon coeur bat quand j'y pense. J'espère que ce sera après ton retour, car alors c'est à toi d'être ma petite mère.

Chère Stéphanie, la tyrannie de mon mari fait que je finis celle-ci en toute hâte.

Je t'aime beaucoup moi, sois en persuadée. Je t'embrasse de tout mon coeur et de toute mon âme. Adieu, cher enfant.

Chère Stéphanie! Everdine est folle de vous. (Il y avait ‘toi’.) Vous avez fait un grand miracle. C'est bien la première fois de sa vie que son coeur a pris la clef des champs pour vous suivre je ne sais où. C'est très caractéristique de sa part de vous choisir pour son amie, puisqu'elle était jusqu'ici on ne peut plus ‘casanière’ dans ses affections. Elle ne parle que de vous. Qu'avez vous fait pour l'ensorceler?

Quant à moi, depuis longtemps j'ai désiré faire votre connaissance. Il y a dans votre caractère beaucoup dont je suis vivement touché, - et je crois que vous m'aimeriez, si vous lisiez cette détestable langue qui a nom Hollandais. Il n'y a aucune fatuité dans cette prétention, puisque c'est plutôt par rapport à vous qu'à moi que j'ose nourrir l'idée, que nous nous rencontrerions sur le chemin du beau et du vrai. Vous aimez la liberté, moi aussi. Vous aimez les opprimés, moi aussi. Vous suivez votre coeur plutôt que les principes et les idées systématiquement élaborées, moi aussi. Je n'ai pour tout code que le coeur, qui me trompe quelquefois, oui, mais pas autant que les raisonnements de ceux que croient penser.

Puis le coeur a une manière de guérir les blessures qu'il fait. Il y a des - taches d'encre par trop familières.

J'allais dire: des erreurs qui valent mieux que des qualités. Je crois que vous en savez quelque chose, vous qui avez l'âme généreuse.

Aimez votre indépendance d'esprit, aimez votre caractère de ‘Mensch’ dans la Demoiselle.

Comment dit-on en français ‘Mein Fräulein, Sie sind ein Mensch.’ Mademoiselle, vous êtes un homme? C'est drôle.

Eh bien, sois un homme, Stéphanie. Ein Mensch, nur kein Mann, car les hommes sont lâches, prétentieux, tyranniques, etc etc.

Oui, aimez votre caractère comme je vous estime, - et ne finissez pas d'aimer ma bonne Everdine qui ne saurait vivre sans vous.