* 16 november 1865
Brief van Tine aan Stéphanie. (Pée: Tine, blz. 49-50)
16 Novembre 65.
Ma Loutjou, ma chérie!
Ne me crois jamais froide envers toi. Je ne pense qu' à toi, je vis en toi, et pourtant je ne pouvais t' écrire; j'avais trop à te dire, mais je l'aurais dû dire tout près de toi à vive voix. Après ton départ j'ai trop souffert.
J'ai reçu deux bonnes lettres de toi; tu m'encourages, tu veux me réveiller en me donnant de très bons conseils. Merci, ma chérie, ma Loulou que j'aime tant. Tu me pousses à faire quelque chose, de me tirer d'une position si pénible. Eh bien, ma Loulou, j'ai été en Hollande, seule, pour parler avec mon mari. Je voulais absolument aller aux Indes avec Nonni et me faire le sacrifice de laisser Edouard en Europe pour ses études. Mais mon mari m'a prié de ne pas le faire; il ne voulait pas se séparer de moi. Il me disait qu'il serait brisé pour toujours. Enfin, il a si bien insisté avec beaucoup d'amour, que je me suis rendu à ses désirs. Je reste à présent dans mon quartier à Bruxelles, mais je ne suis plus au premier; j'ai pris deux petites chambres, je n'ai plus de servante, et je veux économiser tout ce qui est possible.
Edouard est pour l'hiver chez la famille de Koning à Amsterd., où il apprend tout ce que les enfants de M. de Koning apprennent. Même hier, mon cher cher Edou m'écrivait que Monsieur de Koning trouvait qu'il avait beaucoup de vocation pour la sculpture et qu'il en aura des leçons. Edou apprend à dessiner, dont il se distingue déjà parmi les autres enfants. Mais tu comprends que j'ai besoin de tout mon sang-froid, de toute ma force d'esprit et de coeur de l'éloigner de moi, eet enfant qui m'est si cher. Oh, mon coeur souffre trop! Dekker veut travailler eet hiver de la sorte, que les dettes que j'ai à Bruxelles seront payées, et puis nous serons ensemble. A ce moment j'ai beaucoup de difficultés avec mes créanciers, mais je ferai ce que je puis.
Ma chère enfant, que tu sois heureuse. Oh, quel bonheur d'être aimé comme toi!...