Multatuli.online

Lijst van brieven op datum

29 januari 1873

van

Stéphanie Omboni-Etzerodt (bio)

aan

E.J. Potgieter (bio)

 

Volledige Werken. Deel 15. Brieven en dokumenten uit de jaren 1872-1873 (1983)

terug naar lijst

29 januari 1873

Brief van Stéphanie aan E.J. Potgieter. Enkel en dubbel velletje postpapier, tot bovenaan blz. 6 beschreven. (U.B. Amsterdam; fotokopie M.M.)

Padoue - le 29 - Janv. 73

Monsieur

Dès que j'ai eu le plaisir de recevoir la votre du 5 courant je me suis empressée de m'y conformer en réalisant vos intentions bienfaisantes à l'égard de Mad. D-. Dans tout autre cas la tâche n'eut pas été facile, car il est toujours embarrassant de choisir pour un autre; - mais ici, j'étais heureusement assez au fait de ce dont elle avait le plus besoin pour ne pas craindre de me tromper. Je me suis consciencieusement efforcée de faire le meilleur usage possible de la somme que vous m'aviez confiée et j'espère y avoir reussi. En tout cas, Made D.- se dit fort contente et au moins j'ai la satisfaction de la voir montée de façon à pouvoir affronter avec moins de risques les intempéries de la saison et les changements de la température auxquels elle est forcément obligée à s'exposer. - Le moment épineux était celui ou apres avoir fait les achats, il fallait lui en faire part sans qu'elle en fut blesseé. J'ai donné à tout cela la couleur d'une surprise de Noël arrivée un peu en retard par faute de la poste. Heureusement il est dit que ‘la sagesse sortira de la bouche des enfants’, car la situation a été sauvée par la petite, qui a infiniment de bon sens et de franchise et qui, tout à la joie du moment, s'est écriée: ‘Oui, mamam, on a bien raison, on a trés-bien fait; car si tu avais eu l'argent, jamais tu ne te serais acheté ce qui'il te fallait et maintenant tu l'as’. C'était tellement l'expression de la verité que je me suis sentie tout soulagée; - on a rit et on n'a plus songé qu'à se rejouir et à vous combler de remerciments.

Si j'ai mis moins d'empressement que je n'aurais voulu à vous dire tout cela c'est que nous avons été très préoccupés dans ces dernières semaines par de mauvaises nouvelles qui nous arrivaient de divers côtés à la fois. Entre autres il parait que M.D.- a été très-gravement malade à Wiesbaden, ce qui a bien douloureusement impressionné Made.D. comme vous pouvez l'imaginer. Heureusement que ces mauvaises nouvelles, ainsi que celles de chez moi, à Bruxelles, ont été suivies d'autres plus rassurantes. Il nous reste toutefois a déplorer la perte d'un de nos meilleurs amis, le poëte Dall 'Ongaro, mort recemment à Naples-Ici, heureusement, tout le monde se porte bien et se reunit pour vous remercier et vous présenter une foule de compliments et de salutations.

Edouard parait s'étre définitivement fixé dans sa nouvelle position chez les frêres Blumenthal - il se sent plus à sa place que dans ses situa-tions précédentes; c'est là un peu d'orgueil naturel qui n'est pas toujours un mal. Enfin il se dit très content et montre beaucoup de bonne volonté pour contenter ses chefs, qui de leur côté paraissent tres satisfaits de lui.

Mad. D.- est toujours admirable de courage et de patience; elle est en course depuis neuf heurs jusqu'à 4 et rentre souvent bien fatiguée. Je ne puis vous dire combien elle est aimée et considerée dans toutes les familles qu'elle fréquente; - on sent combien elle est supérieure à sa position et on ne rend que mieux justice à son grand mérite.

La petite, la grande petite est charmante, pleine de talent sous tous les rapports, et remarquablement donée pour la dessein; ces progrès dans cet art sont si étonnants que nous croyons et nous espérons y voir l'indice d'un avenir d'artiste. - Le temps et les circonstances en décideront.

En vous exprimant de nouveau, Monsieur, tant de la part de mon mari que de la mienne, nos sentimens de profonde estime et de vive reconnaissance, je reste votre très-obligée

Stéphanie Omboni