Lijst van brieven op datum
26 september 1874
van
Stéphanie Omboni-Etzerodt (bio)
aan
E.J. Potgieter (bio)
Volledige Werken. Deel 16. Brieven en dokumenten uit de jaren 1873-1874 (1984)
26 september 1874
Brief van Stéphanie aan E.J. Potgieter, op 25 september begonnen. Twee dubbele velletjes postpapier, tot het midden van blz. 6 beschreven. (U.B. Amsterdam; fotokopie M.M.)
le 12 de ce mois: lees le 13.
Padoue le 25 Sept '74
Monsieur,
Il y a bien longtemps que j'avais l'intention de répondre à votre dernière bonne lettre, et je comptait surtout le faire à l'époque des fêtes de Petrarque, mais alors j'étais malade, et dans la suite une foule de circonstances m' en ont empêchée; maintenant vous savez sans doute déjà à quelle occasion douleureuse je vous écris! ma pauvre amie est morte le 12 de ce mois, et je ne l'ai appris que je 23, j' étais en voyage dans le Tyrol avec mon mari, lorsque cette nouvelle me parvint, j'accourus immédiatement à Padoue, le coeur brisé de douleur et de regret. Ces pauvres enfants avaient été chez moi mais ne m'ayant point trouvée, étaient repartis pr. Milan, (chez des amis). Je les attends de retour aujourd-hui avec quelle anxiété vous pouvez bien vs l'imaginer. Je ne puis donc rien vous dire du certain et vous écris seulement pr que vs ne vs étonniez pas de mon silence déjà trop prolongé si j'avais moi-même su ce malheur plus tôt.
Le six de ce mois j'ai passé la journée avec elle à Venise, elle avait trèsmauvaise mine, mais elle l'attribuais à un petit coup de fièvre qu'elle avait eu la veille, m'assurant qu'elle s'était même sentie mieux dans les derniers temps. Du reste je lui avais souvent remarqué cette minelà dans les dernières années; rien ne pouvait faire prevoir cette terminaison fatale; il y avait dèjà plus de deux ans qu'elle souffrait de temps en temps de vives douleurs intestinales; il aurait fallu de soigner, mais comme la pauvre femme disait elle-même: le meilleur remêde serait le repos et cela, mes circonstances ne me le permettent point! - Combien de fois ne l'ai-je point vu partir pour sa tournée de leçons avec une mine que faisait pitié! Mais elle, toujours courageuse, oublieuse d'elle-même! Oh! Monsieur! il y a des gens bien coupables dans ce monde!... et ceux-là vivent et florissent - et elle -, si nécessaire à ses enfants - elle est morte!
L'inflammation y était depuis longtemps, la gangrène s'y est mise et quatre jours de douleurs atroces l'ont aportée!
Et je n'y était point pour la conforter, pour receuilir ses derniers désirs! pour soutenir et consoler ses enfants désespérés. Ce sera la douleur de ma vie! j'en ai le coeur brisé! J'attends maitenant mes pauvres enfants avec une cuisante anxiété, car ils n'ont point donné de leurs nouvelles depuis leur départ, je n'aurai le paix que quand je les aurai auprès de moi. Leur père m'envoient des depêches désespérés; ils ne lui ont point écrit; pauvres êtres, dans la douleur et l'abandon oú ils se sont trouvés, ils auront perdu la tête, si jeunes, laissés à eux-mêmes! Mon absence de Padoue a été une affreuse fatalité ajoutée à une immense malheur. Avant hier on m' a télégraphié qu'ils étaient repartis de Milan; hier je suis accouru à Venise; ils n'étaient point retournés. Blumenthal est très inquiet, il a éte bien bon pour eux et leur a servi de tuteur pour les formalités necessaires.
Quant à moi j'ai perdu dans mon amie tout une passé de douleurs et de joies partagées, de consolation, de sympathie et de tendresse reciproque, une partie de moi-même, et cette perte jettera l'ombre sur le reste de mon existence.
Je vous serre la main avec une douleur que vous comprendrez et que vous partagerez. Si j'ai pu vous écrire dans l'état ou je suis c'est que je me suis souvenue de tout ce que vs. avez fait pour elle, ma plus que soeur.
Votre devouée et reconnaissante
Stéphanie Omboni
terminé le 26 Sept.