Multatuli.online

24 juni 1871

Aantekeningen in het Memoriaal, blz. 27 (M.M.) Handschrift van Mimi.

Gaulois 24 Juin 71.

overgenomen Revue des deux Mondes van M. Larro.

On montrerait sans trop de peine que la complexion de l'avocat s'accommode mal de connaissances spéciales, précises, approfondies et ne s'accommode pas mieux d'un caractère individuel et bien tranché. Il lui convient d'avoir une certaine étendue d'instruction, une provision toujours dispossible de notions gènérals propices à s'adapter à tous les sujets, aisées à convertir en lieux communs oratoires et qui ne le gênent pas dans l'a-peu-près perpetuel en se complait sa vague eloquence.

Ce qui importe surtout, c'est la souplesse d'un caractère pour ainsi dire artificiel, s' ajustant sans peine à tous les mouvements d'âme les plus contradictoires qui peuvent entrer dans les exigences de la profession, calme ou véhement, selon la popularité de la cause ou de la faiblesse du juge. A Paris ce furent les doux qui régnèrent, en province ce furent les violents.

On peut dire, sans rien exagérer, que nous avons vu pendant cinq mois toute la variété possible des hommes politiques que peut produire le barreau. Je ne sais quel mauvais plaisant a prétendu que cette invasion des avocats fut la huitième plaie de la Republique. Il est certain qu'on rien a jamais vu un aussi grand nombre émergeant à la fois du Palais de Justice et s' élançant au pouvoir. On a dressé cette statistique impertinante en la poursuivant partout, sur les sommets et dans les régions moyennes de l'administration nouvelle.

Sans parler des grands emplois tenus par les coryphées, combien en a-t-on comptés de ces secrétaires du gouvernement, de ces secrétaires de la Mairie de Paris, sans parler de secrétaires géneraux des ministères! Il y en avait partout, dans les commissions speciales et jusque dans la commission des barricades.

Assurément ceux qui ont du goût pour la rhétorique n'eurent pas le droit de se plaindre: ce fut le gouvernement de la phrase en permanence. Les avocats au pouvoir ne parlaient pas sans doute tous les jours, mais en revanche combien ils écrivirent, disserterent, et proclamerent! Et dans le nombre que de phrases malheureuse échappées à nos gouvernants, qui tous, s'ils n'étaient pas avocats, etaitent deguis de l'être!