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Lijst van brieven op datum

20 april 1869

van

Tine Douwes Dekker-van Wijnbergen (bio)

aan

Stéphanie Omboni-Etzerodt (bio)

 

Volledige Werken. Deel 13. Brieven en dokumenten uit de jaren 1868-1869 (1980)

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*20 april 1869

Brief van Tine aan Stéphanie. (Pée: Tine, blz. 73-76)

un professorat à Delft: destijds was in Delft de opleiding voor indisch ambtenaar.

nos trois portraits: van de drie portretten door Tine aan Stéphanie gegeven, is enkel dat van haarzelf bekend; het is door Pée gereproduceerd tgo. het titelblad van zijn brievenuitgave Tine ('s-Gravenhage 1895); het daar aanwezige onderschrift: aime moi toujours ton amie Everdine is echter niet de opdracht op het portret, maar een toevoeging in facsimile, ontleend aan een brief van Tine d.d. 28 januari 1870.

La Haye, le 20 Avril 1869.

Ma chère, ma toute chère Stéphanie!

Me voilà bien loin de toi, mais dans le coeur bien près de toi. Je t'assure, ma chère, ma bonne Stéphanie, que je regrette la belle Italie. Edou et moi nous parlons si souvent de Milan, car nous deux nous sommes portés on ne peut plus pour ce beau pays. Dekker n'aime pas que nous en parlons avec trop d'enthousiasme. Ce qui est sûr, c'est que je me suis trop pressée de partir. Les soucis ne sont pas encore finis. Dekker fait ce qu'il peut; il est très content de ses enfants, mais il y a encore des soucis matériels. Edou a un professeur qui le prépare pour l'ecole politechnique ou bien pour l'académie. Dekker est quelquefois stupéfait de ce qu'il sait et de ce qu'il ne sait pas. En quelque chose il est très avancé et en autre chose si arriéré. Entre nous, je n'aurais pas dû quitter Milan. Povere me! Mais que veux-tu? Dekker a eu des séances sans résultat; la saison est déjà trop avancée pour ces choses là. Il écrit dans deux journaux, mais cela ne suffit pas. Par bonheur il ne perd pas courage, et il a beaucoup de volonté de réussir. Il y a question de lui donner un professorat à Delft. Enfin, patience et encore patience jusqu'à l'infini. Ma santé va très bien malgré le froid. Les enfants se portent bien. Non a l'air très délicat, mais elle mange et dort bien et elle ne se plaint de rien. Edou est aussi grand que Dekker, mais bien plus fort; il prend son père comme une poupée et le porte autour de la chambre. C'est un gamin, il sait très bien influencer sur lui. Edou est toujours le même, gai et sans-souci; son père est en extase de son caractère entreprenant et de son intelligence naturelle.

Ma chère, n'as-tu pas reçu nos trois portraits? J'espère que tu auras reçu le linge. Edouard a donné les clefs à madame Panechetti avec un billet pour toi. Ecoute, ma toute chère, je ne sais pas quand et comment, mais que le temps viendra de nous revoir est sûr et certain. Je le sens et mon pressentiment ne me fait jamais défaut. En attendant que je t'écris j'ai le coeur gros; comme j'aimerais d'être dans ta chambre à coucher où on était si bien! Comme je te vois à ta table d'ouvrage, et le balcon avec les fleurs. Loutje, Loutjou chère, comme tu m'as consolée bien souvent! Je le sais dans ce moment ci, j'ai peine à retenir mes larmes, et avec toi cela changerait en rire. La preuve que notre amitié est la vraie, c'est que nous savons nous comprendre. Pense souvent à moi; tu seras sûre que nos idées se rencontrent. Tu me diras que j'écris si peu. Oui, c'est vrai, mais l'occasion me manque souvent, et quand j'ai été bien près de toi en idée, je ne suis plus écrire, je suis alors trop pleine d'émotions. Aujourd'hui je puis seule. Dekker est à Anvers pour une séance, Edou étudie dans la chambre de son père et la Nonni repasse!! Je me trouve donc seule dans le salon. Mimi est en Allemagne pour le moment; elle a profité de l'absence de Dekker pour voir sa soeur, et elle veut absolument s'installer à Maintz. C'est contre la volonté de Dekker, mais elle est bien résolue de le faire. C'est elle qui a meublé la maison d'un heritage de ses grands parents; elle a une chambre pour elle. Je dois dire qu'elle est très gentille pour moi, et tout va à merveille. Pas un mot, pas un signe malveillant. Edou est très bien avec elle et Nonnie l'aime. Dekker fait tout pour me rendre heureuse, et si l'argent ne manquait pas, tout sera parfaitement en ordre. Chère, toute chère, pense souvent à moi, et écris moi souvent; tu n'as rien à faire, tu es maîtresse de ton temps. Console moi par écrit, comme tu m'as consolée par tes bonnes paroles à vive voix. Les soucis ne me quittent pas encore. Le malheur me poursuit toujours, et entre nous, j'ai quelque remords d'avoir quitté Milan. Mais Dekker ne pouvait pas rester seul dans une maison meublée, à la Haye. Dekker est très content de nous avoir avec lui, car il en souffrait trop. Stéphanie, aime moi toujours. C'est si consolant de savoir qu'une âme et une si belle âme vous appartient.