Lijst van brieven op datum
november 1863
van
Tine Douwes Dekker-van Wijnbergen (bio)
aan
Stéphanie Omboni-Etzerodt (bio)
Volledige Werken. Deel 11. Brieven en dokumenten uit de jaren 1862-1866 (1977)
* 9 en 10 november 1863
Brief van Tine aan Stéphanie. (Pée: Tine, blz. 8-12)
Bruxelles, le 9 Novembre '63.
J'ai reçu toutes tes lettres. Je ne comprends pas que la mienne du 28 d'Août est perdue; moi même je l'ai mis dans la boîte. C'était la seule lettre détaillée; je l'avais écrit pendant la nuk, le temps qui se prête le mieux pour la confidence, et adressée à son Excellence Monsieur de Sontroff.
Le dernier temps j'ai été très préoccupée: j'avais beaucoup de tracas. Dekker qui avait beaucoup à penser et à travailler, n'avait pas une chambre à lui. Tu sais quelles petites chambres que nous avons. Dekker n'avait pas un moment de repos ni de recueillement. Cela m'agitait beaucoup; aujourd'hui il est installé dans une chambre au second. J'espère qu'il pourra travailler maintenant. Nous avons beaucoup de soucis; l'argent ou plutôt le manquement d'en avoir y contribue beaucoup. De voir souffrir un homme comme Dekker est affreux. Il veut tâcher de rester auprès de nous; demain il commencera de faire étudier les enfants. Pour Edouard il est plus que temps. Dekker aimerait beaucoup de soigner lui même l'éducation des enfants, et il réussira, j'en suis sûre. Il a beaucoup de patience pour enseigner et une facilité d'explication incroyable. Je suis si contente qu' Edouard commencera sérieusement ses études. Les jours que j'ai passés à la Haye m'ont donné beaucoup de satisfaction, mais je n'avais pas un moment pour moi dans ce temps là. J'ai beaucoup pensé à toi, et que je ne t'ai pas écrit, vraiment ce n'était pas de ma faute. Je te dirai quelque chose de Dekker, un trait de son caractère qui m'a vivement touche. A mon séjour à la Haye, il souffrait de mon absence, il était très content de ce que j'avais fait, enfin il ne savait quoi faire de montrer sa satisfaction. Que penses tu qu'il fit? Il m'envoyait tes lettres que j'avais laissées à la maison, et moi j'en étais si heureuse!Je les ai couvert de baisers. Comme il me comprend et qu'il sait partager mon sentiment.
Si tu reviens, tu me joueras la marche funèbre, n'est-ce-pas, pour moi seule.
Le 10 de Novembre, au matin.
Ecoute, je te dirai toujours la vérité du sentiment de mon intérieur, mais quand je te ménage des plaintes, c'est que je ne veux pas te chagriner pour rien. Si tu pouvais m'aider je te le dirais franchement, car, er moet onder ons geen valsche schaamte bestaan, onze vriendschap heeft een te edelen zin om de werkelijkheid niet te noemen. Tu m'as dit un jour qu'il faut chercher la poésie dans la réalité et non pas dans les illusions. Oh, c'est si beau! Et je crois que c'est là la vraie poésie. Ces jours-ci je suis triste, puisque nous avons beaucoup de soucis. Toujours attendre, et il faut vivre en attendant. Je ne doute pas qu'un jour Dekker réussira et complètement même, mais avant ce temps il faut souffrir. L'argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue beaucoup. Nous faisons comme toi, la cuisine nous même. Charlotte le sait faire à merveille, elle ne le fait pas avec répugnance. Moi, je le déteste, et l'hiver qui est si cher et si désagréable. Enfin, du courage, il y a encore un avenir!
Si je suis mélancolique, ce qui m'arrive assez souvent, je tâche d'énumerer les bonnes choses que j'aie beaucoup, un mari qui m'aime sincèrement, mes enfants qui sont pour moi des anges, et ma Loutjou! mon amie, qui veut prendre sa part dans ma vie, qui m'aime comme on le voit très très rarement. Non je n'ai pas à me plaindre, j'ai du courage pour les choses matérielles; pour le moment mon plus grand tourment c'est l'argent, et cela se remédiera un jour. Si Dekker est content, j'ai du courage pour tout, mais quand lui il est triste et irritable, il me faut le double et alors surtout la pensée à toi me donne la force de faire mon devoir. Een heilige zaak geeft heilige heerlijke impulsies.
Les enfants sont auprès de leur père. L'étude est commencée. L'Alphabet grec se trouve entre les mains d'Edouard. Ma petite Nonnie joue si bien aux échecs que mon mari en est étonné; elle a gagné deux parties de Dekker; elle le fait avec une sérénité incroyable; elle est si intelligente, cette petite là.