Lijst van brieven op datum
17 augustus 1863
van
Tine Douwes Dekker-van Wijnbergen (bio)
aan
Stéphanie Omboni-Etzerodt (bio)
Volledige Werken. Deel 11. Brieven en dokumenten uit de jaren 1862-1866 (1977)
* 17 augustus 1863
Brief van Tine aan Stéphanie. (Pée: Tine, blz. 3-5)
Bruxelles, 17 Août 1863.
Meine allerliebste Stéphanie! Ma Loutjou chère! Tu ne sais pas comme ton départ m'attriste. J'ai le coeur gros et je ne fais que penser à ma petite Idole. Si tu pouvais entrer invisiblement dans ma chambre à 11 heures du soir, tu me verrais en pleurs; ton portrait est mon trésor, tes cheveux mes délices. Oh, ne me gronde pas, je suis trop habituée à ta charmante personne, je ne puis plus me passer de toi. Tu sais, mon enfant, comme tu as d'influence sur moi. C'est toi qui me donnes le courage qu'il me faut de remplir mon devoir. Souvent je me dis: Meine Stéphanie ist in der that meine Wohlthäterin. Tu vois, que tu es nécessaire à mon bonheur.
Je n'ai pas des nouvelles. Mon mari a du courage. Il me dit d'être tranquille, que tout ira bien, et moi je fais ce qu'il y a de plus difficile: attendre. L'incertitude est pénible. Un malheur abat le coeur et arrache mille larmes, mais enfin on cherche à y remédier, et l'on se décide sur ce qu'on sait; mais l'incertitude tourmente et déchire. C'est un vautour dévorant qui ne laisse pas un moment de repos.
17 Août, le soir.
Je reçois ta lettre, mon enfant, ta charmante lettre. Merci, ma Loutjou bien aimée.
Je pleure, mais c'est la joie qui me fait pleurer. Oh, je te remercie mille fois pour tes bonnes paroles. Pauvre enfant, tant de fatigue est trop fort pour toi. Comme j'aimerais de supporter les fatigues pour toi. Je ne sais rien faire pour toi et mon coeur voudrait être tout pour toi. Oh, cette fatale impuissance de l'amour! ‘Ta tendresse me manque!’ Vrai? Chère, tu ne sais comme tes paroles me font vibrer le coeur. Cherche partout le bonheur, la joie, mais si tu as besoin de tendresse, viens alors auprès de moi, et tu trouveras un écho dans ton noble coeur. Non, je ne serai jamais jalouse, si tu me promets que tu as toujours besoin de ma tendresse. Comme j'aimerais d'être auprès de toi, surtout si tu dois passer la mer. Pourquoi ne puis je pas te soulager? Quel bonheur ce serait pour moi de faire reposer ta charmante tête contre mon coeur; je suis sûre que cela te fera du bien. Quand mes enfants sont malades, ils aiment tant d'être dans mes bras, alors ils sont tranquilles; et toi, dans mon coeur tu as la même place qu'eux.
Adieu, ma chère Stéphanie, ma noble enfant. Soigne ta santé, amuse toi, et reviens à moi avec toute ta tendresse.
Pourquoi ne puis je te sauvegarder au rude contact de la vie? Adieu, mon ange.
Ton
Everdine.