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10 maart 1868

van

Tine Douwes Dekker-van Wijnbergen (bio)

aan

Stéphanie Omboni-Etzerodt (bio)

 

Volledige Werken. Deel 12. Brieven en dokumenten uit de jaren 1867-1868 (1979)

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*10 maart 1868

Brief van Tine aan Stéphanie. (Pée: Tine, blz. 65-67.)

une traduction française: nl. de afleveringen van de Revue moderne d.d. 1 november 1867 en 1 januari 1868, met resp. hfdst. 1-3 en hfdst. 4.

Milan, le 10 Mars 1868.

Ma Loutjou chère! Bien souvent l'envie me prend de t'écrire, mais jamais je trouve ici un moment paisible pour m'y mettre, toujours environnée des petits marmots qui font un tapage infernal, ou il y a quelqu'autre ennui. Le soir je suis trop fatiguée; je ne demande pas mieux que de me coucher. Voilà pourquoi j'écris si peu, mais je pense beaucoup, beaucoup à toi. Mon coeur vaut mieux que ma plume. Comme je regrette souvent de ne pas pouvoir prendre le chemin de fer pour venir t'embrasser. Il y a deux jours Dekker m'a envoyé le Max Havelaar traduit en Anglais et deux journaux anglais, dans lesquels ce livre est chaleureusement recommandé. On en dit: ‘A book which combines more humour, knowledge of character, high thoughts, deep pathos and vigorous political intelligence than any we have read for a long time. Even as a novel the book has a rare charm; as a political treatise it possesses a value not easily overrated. Those who do not yet know anything of the book, if they take the trouble to get it and read it, thank us for having directed their attention to a work so full of interest, of power, of a pathos whose principal strength lies in its truth, of an eloquence inspired by enlightenment, by honest indignation and by genius.’ Et de l'auteur: ‘Mr. Douwes Dekker has a deep feeling heart, a noble sense of justice; he has keenesses and high talents.’ Enfin, il y en a deux colonnes remplies.

A ce moment Dek est en Hollande. Je suis sur des épines; j'ai peur que le gouvernement hollandais soit furieux que les Anglais en font tant de cas, et que cela nuira. Quand je lis tout ce qu'on dit de lui, je ne puis m'empêcher de dire: Les grands hommes sont-ils donc toujours condamnés à souffrir? Leur sort est-il toujours la misère et la persécution? En attendant que j'écris celle ci je reçois une lettre de Dekker; il s'occupe d'émouvoir tout le monde de l'aristocratie. Il se pose; c'est lui qui fait les conditions. Il m'écrit qu'il ne veut pas longtemps attendre. Au ministre il a dit: ‘C'est à prendre ou à laisser.’ Enfin, c'est une partie d'échecs très compliquée. Tu comprends que je ne suis pas à mon aise. Mais il ne lâchera pas bride. On a peur de lui. Je vois de sa lettre qu'il est le même grand homme d'il y a quelques années, et que ceux, qui ont cru que son énergie et son génie s'étaient éteints, ont tort (heureusement).

Edouard va trois fois par semaine à l'hôpital et trois fois par semaine au Museé outre l'école. Nonnie est gentille et apprend très bien. Tous les deux te saluent chaleureusement.

Si tu savais combien de fois j'ai été interrompue en écrivant ce peu de lignes. Cela est fatigant. Mon Dieu, je ne suis plus moi même, je suis une machine qui finira d'être un bloc de marbre.

Si je ne me trompe pas, je crois que c'est demain ta fête de naissance. Mille souhaits pour ton bonheur, ma Loutjou chère, ma bonne amie. Je t'embrasse de grand coeur. Salue Madame Omboni et ton mari de ma part. Comme toi et ton mari ont fait beaucoup pour M. le Comte! Mille fois adieu, chère.

Ton amie

Everdine.

Voilà que je reçois une traduction française du Max Havelaar par ton intermédiaire. Merci, ma chère ange.